Sham el-Nessim : La fête du printemps en Égypte entre histoire et traditions

Sham el-Nessim : La fête du printemps en Égypte entre histoire et traditions

Dans une atmosphère imprégnée du parfum des fleurs et de la douce brise printanière, les Égyptiens célèbrent aujourd’hui la fête de Sham el-Nessim, l’une des plus anciennes fêtes de l’Histoire, et l’une des plus emblématiques en tant que fête nationale unissant musulmans et chrétiens dans un rituel populaire transmis de génération en génération, incarnant l’esprit renouvelé de l’Égypte et son identité unique.

Chaque année, les Égyptiens célèbrent Sham el-Nessim ou la fête du printemps, une des plus anciennes fêtes populaires de l’humanité, reflétant le riche patrimoine de l’Égypte, berceau des civilisations et terre des religions. L’origine de cette célébration remonte à des millénaires, marquée par des coutumes liées à la création et au renouveau de la vie. Elle coïncide avec le lundi suivant la fête de Pâques selon le calendrier copte, durant le mois de Baramouda.

Les racines de Sham el-Nessim remontent à l’époque pharaonique, où les anciens Égyptiens fêtaient Shimo comme symbole du début de la saison des récoltes et du renouveau de la vie. L’historien grec Plutarque a documenté cette fête au Ier siècle de notre ère ; elle coïncidait avec l’équinoxe de printemps. Les Égyptiens offraient alors aux dieux du poisson salé, de l’oignon et de la laitue — des aliments encore aujourd’hui présents sur les tables égyptiennes.

Avec l’arrivée du christianisme en Égypte, cette fête a été associée à la fête de la Résurrection (Pâques), de sorte que Sham el-Nessim est toujours célébré le lundi qui suit Pâques selon le calendrier copte. Après la conquête islamique, tous les Égyptiens, quelle que soit leur religion, ont continué à célébrer cette fête devenue une tradition nationale transmise de génération en génération.

Malgré les siècles écoulés, les manifestations de cette célébration sont restées presque inchangées. Les Égyptiens sortent dès l’aube dans les parcs et jardins publics, certains se rendent sur les rives du Nil ou dans les villages pour profiter de l’air frais. Les espaces verts deviennent des lieux de joie pour les enfants et de rassemblement familial, dans une scène qui reflète l’unité du peuple égyptien et son désir naturel de célébrer la vie.

La table égyptienne de Sham el-Nessim est marquée par sa diversité et sa forte symbolique culturelle. On y trouve inévitablement du fessikh (poisson fermenté salé), de la ringa (hareng fumé), des sardines, des oignons verts, de la laitue et des termes (lupins), en plus de l’habitude de colorer les œufs, une tradition également héritée des Pharaons comme symbole de renaissance.

Ces aliments portent une symbolique profonde dans la culture égyptienne :

L’œuf : symbole du début de la vie issue du néant. Les Égyptiens y gravaient des vœux et des prières, puis les suspendaient aux arbres ou les plaçaient sur les balcons pour attirer la bénédiction divine.
L’oignon : lié au désir de vie et à la victoire sur la mort, selon une légende ancienne selon laquelle l’oignon aurait guéri un fils de pharaon d’une mystérieuse maladie.
La laitue : considérée comme une plante sacrée, annonciatrice du printemps et de la croissance de la vie. Elle figurait parmi les offrandes dès la IVe dynastie.
Le fessikh : remonte à la Ve dynastie. Il était un symbole de fertilité et de prospérité, et les Égyptiens maîtrisaient parfaitement l’art du poisson salé.
Le malana (pois chiche vert) : représentait les signes naturels de l’arrivée du printemps et de la maturité de la terre.

Sham el-Nessim demeure un symbole de joie et de renouveau, une opportunité de raviver les liens entre les générations. Malgré les défis contemporains, cette fête reste un élan d’espoir et de positivité. Elle ne reflète pas seulement un retour à la nature, mais également la continuité du patrimoine national et la foi du peuple égyptien dans la vie et la convivialité. Sham el-Nessim n’est pas une simple fête ; c’est une invitation ouverte à profiter de la vie, à exprimer la joie et à préserver des traditions toujours vivantes dans le cœur des Égyptiens, quels que soient les changements de l’époque.

Sources

Site de l’Autorité Générale de l’Information d’Égypte

Portail Al-Ahram

Autorité Nationale de l’Information